jeudi 25 novembre 2010

Secteur Bancaire : Les établissements de crédits réajustent leur convention collective

Elle apporte de nouvelles innovations, même si les syndicalistes reprochent au patronat d’avoir refusé certaines concessions.

 « Notre branche s’est dotée depuis de nombreuses années d’une convention collective complète qui respecte les normes internationales. Mais les aspirations des uns et des autres changent. D’où notre devoir de dépoussiérer cette convention ». Paroles de Pascal Rebillard, directeur général de la Bicec et président en exercice de l’Association professionnelle des établissements de crédits du Cameroun (Apecam). C’était hier, 24 novembre 2010 à Yaoundé, au cours de la cérémonie de remise de la convention collective révisée des banques et des établissements financiers du Cameroun. Présidée par le ministre du Travail et de la sécurité sociale, Robert Nkili, cette cérémonie a permis de révéler les changements apportés dans cette convention qui existe depuis 2000. Selon Pascal Rebillard, les innovations interviennent au niveau du dialogue social, de la santé et de la protection de la sécurité sociale. En clair, la convention collective révisée assure la sécurité des délégués du personnel ainsi que l’avenir du salarié, améliore ses conditions de vie, tout en instituant des règles précises sur l’hygiène et la santé.
Ce travail de révision entamé en septembre 2009 est une satisfaction pour les travailleurs, même si beaucoup reste à faire. D’après Isaac Bissala, président de l’Union générale des travailleurs du Cameroun (Ugtc), les salaires pratiqués au Cameroun dans ce secteur d’activités sont encore bas comparés à ceux pratiqués dans les autres pays d’Afrique centrale. Exemple : un employé de banque de la 12e catégorie échelon F (le plafond) a un salaire mensuel de base de 675 000 Fcfa. « C’est dû au fait que nous avons encore une grille de salaires héritée de la colonisation », martèle le président de l’Ugtc. Il estime donc qu’il faut une grille de salaires actualisée et lisible, et une politique de travail et de productivité dynamique.
Propositions rejetées
Au cours des séances qui ont conduit à la révision de cette convention, les syndicalistes ont fait des propositions carrément rejetées par les employeurs. On parle, par exemple, de la création d’une commission paritaire de la branche pour la formation des travailleurs, de la création des sections syndicales avec une prise en charge des permanences syndicales, et de la durée de travail qui a encore ceci de particulier que la pause est incluse dans le temps de travail journalier de l’employeur. Il faut par ailleurs noter que la classification des différents types de licenciements a été rejetée par…les employés eux-mêmes. Les propositions majeures acceptées par les employeurs auront été, entre autres, la prime de logement fixée à 30% de son salaire, la prime accordée à l’employé déplacé qui est de 33%, la prime de transport à 30% avec minimum de 30 000 Fcfa, et la lutte contre la violence au travail.
Quoi qu’il en soit, les différentes parties conviennent de ce qu’il y a eu depuis quelques années, des améliorations dans les conditions de vie des employés, notamment en ce qui concerne le taux d’augmentation des salaires depuis 10 ans : 50% de la 3e à la 6e catégorie, 45% de la 7e à 1a 9e catégorie, et 39% de la 10e à la 12e catégorie. Pour revenir à l’application de la convention collective en elle-même, Bénédicte Belibi, secrétaire général de l’Apecam estime que le document est avant-gardiste car il apporte deux innovations importantes. Il y a d’un côté la détermination des salaires avec notamment l’augmentation régulière (tous les 2 ans) du salaire ajouté à la prime d’ancienneté, et de l’autre la protection de la santé et de la sécurité sociale. Les différents acteurs, tout comme le ministre Robert Nkili, sont convaincus que cette convention collective révisée va davantage contribuer au maintien d’un climat social stable au sein des établissements de crédits au Cameroun.
Alain NOAH AWANA 

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